vendredi 26 décembre 2008

Claro wishes you a bloody new year

Das Kapital



Puisque tout le monde s'est racheté un agenda, autant l'étrenner tout de suite…

Donc, le 9 janvier, hop, tous à la librairie Atout-Livre, dans le XIIème à Paris, pour découvrir, entendre et plus si affinités Viken Berberian, auteur de l'impeccable Das Kapital, qui sort le 8 aux éditions Gallmeister, dans une nouvelle collection intitulée 'Americana'.

Le 23 janvier,
passage obligé le soir à l'Arbre à Lettres Mouffetard pour assister à une présentation du nouveau livre d'Oliver Rohe, Un peuple en petit (Gallimard) en compagnie d'Oliver Rohe himself, Arno Bertina et Mathias Enard.

Quand l'an meurt


Comment ne pas laisser le mot de la fin à Eric Chevillard, dont l'opus trilobé L'autofictif sort le 20 janvier aux éditions de l'Arbre vengeur?

"Et je me vante de n'avoir pas besoin d'écrire pour boire, contrairement à ces petites natures du genre Faulkner."


dimanche 14 décembre 2008

Mille-Feuilles


RENCONTRE AVEC TROIS ÉCRIVAINS, LEUR ÉDITEUR COMMUN ET LEURS LIVRES :

- Maylis DE KERANGAL, romancière et nouvelliste, membre du collectif et de la revue "Inculte", pour :
"Corniche Kennedy", roman, Verticales, 2008,
- CLARO, écrivain, éditeur, traducteur (de Thomas Pynchon et de William Vollmann, entre autres), pour :
"Madman Bovary", roman, Verticales, 2008,
- Olivia ROSENTHAL, auteur de romans et de pièces de théâtre, réalisatrice de « performances », pour :
"On n'est pas là pour disparaître", roman, Verticales, 2007,
ainsi que "Viande froide [reportages]", récit-fiction, Cent-Quatre / Lignes, 2008,
et "Les lois de l'hospitalité", théâtre, Inventaire/Invention, 2008,

avec la participation d'Yves PAGÈS


La présentation et l'échange, formalisés, seront suivis d'un second temps, plus informel, autour d'un repas,
le tout, INDISSOCIABLE, pour le prix de 21 € (hors boissons).

RÉSERVATION INDISPENSABLE ! – (jusqu'à l'avant-veille, si possible).

Réservations : 01 43 25 76 67 (numéro joignable tous les jours)
Renseignements : http://mille-feuilles.fr (ou 0608435053)

dimanche 7 décembre 2008

Aidons la police: apprenons-lui à lire…

Depuis que notre judicieuse police a découvert le potoroz, à savoir que les saboteurs de la SNCF, les dangereux destructeurs de cateners, tiraient leur savoir-faire (et peut-être leur faire-savoir…) de la lecture d'un bréviaire anarchisant, le dangereux L'Insurrection qui vient, on sent une menace peser sur notre société et il est de notre devoir d'aider une milice gouvernementale un peu dépassée parce que pas forcément au courant des parutions séditeuses qui polluent notre saine littérature bourgeoise. Donc, afin de remonter vite aux sources d'exactions éminemment condamnables, je propose d'établir une bibliographie susceptible de faire gagner du temps à ces officines qui perdent quand même leur précieux temps et notre précieux argent en filatures laborieuses alors qu'une basique connaissance des parutions en librairies permettrait de repérer assez vite les organes de trouble à l'origine de ces vocations émeutières. Voici donc les livres responsables par le passé ou à l'avenir (à quoi bon faire le distinguo maintenant que l'on cherche les pré-délinquants, les pré-perturbateurs, les pré-pubères et les pré-varicateurs…):

• Mathias Enard: Bréviaire des artificiers (un livre qui à lui seul explique la situation au Moyen-Occident)
Caroline Rochet et Sandra Antonios, Je ne suis pas une bombe… et alors? (Hyper dangereuse apologie du charme)
Anna Rozen et Ludovic Debeurme, La bombe et moi
Emile Pouget, Le sabotage
• Jean Rolin, L'explosion de la durite
ETC.

J'en appelle à une délation massive et érudite. On ne peut pas laisser courir dans la nature tous ces comités invisibles qui en veulent à nos rails et à nos raïs. Le mal, qui est né entre les pages des livres et doit finir entre les murs des prisons, est mal. Nous sommes en France, pas au Fuckzecopistan.
Vous aussi établissez la liste des livres méchants qui donnent des idées mauvaises. Dénoncez plus pour gagner plus.

mardi 2 décembre 2008

Soirée du Tonnerre III


Mercredi 17 decembre 2008 : 19h
Lectures, musique, surprises.


Pour sa troisième édition, La Soirée du Tonnerre quitte les bars de ses débuts et s’installe sur une jonque chinoise amarrée aux pieds de la Grande Bibliothèque. Dans une ambiance bon enfant où l’on boira sans retenue, des auteurs, tous passionnants, liront de brefs textes inédits de leur cru. S’ensuivront un concert exceptionnel, une intervention improbable, la projection d’un drôle de court-métrage.

1/ Lectures
(Attention, les lectures auront lieu en tout début de soirée)

Mathias ENARD, lauréat du Prix Décembre 2008 pour son dernier roman « Zone » (Actes Sud).
Maylis de KERANGAL. Editrice aux éditions du Baron perché ; dernier roman publié : Corniche Kennedy (Verticales 2008).
CLARO auteur de « Madman Bovary » (Verticales), traducteur de l’américain (Vollmann, Pynchon, Gass). Co-dirige la collection Lot 49 au Cherche Midi.
Céline MINARD, mention spéciale du jury du Prix Wepler 2008 pour son quatrième roman « Bastard Battle » (Léo Scheer).
Laure LIMONGI, musicienne au sein du groupe Molypop, auteur de « Fonction Elvis » (Léo Scheer, 2006), directrice de la collection Laureli, aux Éditions Léo Scheer.
Stephane LEGRAND, auteur de « Les normes chez Foucault, (PUF, 2007) et de « Lost Album (A Phil Spector Production) » aux éditions Incultes, collection "In Vivo" sous le pseudonyme d'Etienne Celmare avec Sébatien Le Pajolec.
Olivia ROSENTHAL, lauréate en 2007 du Prix Wepler et du Prix Pierre Simon pour « On n’est pas là pour disparaître » (Verticales 2007). Auteur en 2008 de « Viande froide » pièce sonore (Cent quatre / Nouvelles Editions Lignes).
Lionel OSZTEAN, auteur des recueils poétiques « Notes brouillées » et « Eros & Cie » (Le Zaporogue 2008).
Sébastien DOUBINSKY: a récemment publié « Le Livre muet » (Cherche-Midi, 2007), « Star », L’Ecailler du Nord (2007).
Mathieu LARNAUDIE auteur de « Strangulation » (Gallimard 2008).
Fabrice COLIN est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages, dont « La Mémoire du vautour » (Au Diable Vauvert 2007).
Joy SORMAN a écrit "Du bruit" (Gallimard 2007).
Arno BERTINA. Dernier roman paru : « Ma solitude s’appelle Brando » (Verticales 2008).

2/ Concert
Julie B BONNIE (ex Forguette Mi Note, ex CORNU) interprètera des chansons de son nouvel album « On est tous un jour de l’air » (produit par KID LOCO) avec Stan GRIMBERT (batterie), Cyrille CATOIS basse et Or SOLOMON (claviers). [http://www.myspace.com/juliebbonnie]

3/ Livre rare
Les quatre-vingt exemplaires de l’édition originale de « LES SONIQUES » (700 pages, augmenté d’une carte et de sept planches démonstratives signées Törn SAMBUCQ) de Niccolo RICARDO et Caius LOCUS seront mis en vente (30 Euros) à l’occasion de la Soirée du Tonnerre III. [Possibilité de réserver par mail un exemplaire : nicrichard@wanadoo.fr]. « LES SONIQUES » est un traité sur le beat au début vingt-et-unième siècle.
A cette occasion sera projetée une conférence filmique de Jacques-Henri ROCHEREUIL et Cyril de VIRGINY d’inspiration Sonique intitulée « Les Cons » avec la voix de Juliette PIEDEVACHE et les décors de TÖRN SAMBUCQ.

4/ Intervention
Bruno CANDIDA 9.0 est un homme nouveau, un homme pour de faux qui « parle avec la bouche».

5/ DJ
La discothèque de DUDUK BROTHERS ANI’S WAGON déborde de beaux vinyles, parmi lesquels : The Rivingstons, The Young Rascals, Threes Dog Night, The Mystery Jets, Off Montreal, LCD Sound-System, Junior Byles, Lee Scratch Perry, The Beau Brummels, Love, Rodriguez, Nina Simone, et quelques autres.

Infos pratiques : 19h
La Dame de Canton (ex « Guinguette Pirate ») Jonque chinoise en bois, au pied de la BNF, à côté du Batofar, quai François Mauriac.
- M°: Bibliothèque François Mitterrand ou Quai de la gare
- Bus : 89, 62 et Noctilien 131
- Accès piétons : Par le Pont de Tolbiac, le
Pont de Bercy ou par la passerelle Simone de Beauvoir

Renseignements au 01 45 84 41 71 ou 06 09 16 59 07

dimanche 30 novembre 2008

Cent mille milliards de Tarkos


Maintenant que les Ecrits poétiques de Christophe Tarkos, première salle des machines d'une vaste exposition universelle de la chose poétique, sont ouverts au public, grâce aux éditions P.O.L et au travail de Katalin Molnar et Valérie Tarkos, maintenant qu'en un volume de près de quatre cents pages on peut saisir une partie de cette œuvre aux publications éparses, il n'est plus possible de reculer ou de contourner cette prise au corps à la fois légère, radicale, têtue, complexe, ce combat en loop que mena toute sa (courte) vie l'écrivain Tarkos. "Ma langue est poétique": alternance décalée de blocs à double visée où celui qui écrit dit ce qu'il fait et fait ce qu'il dit, dans une danse des contradictions et des dépassements, où ce qui est prôné est aussitôt disséqué, où ce qu'on autopsie prend aussitôt vie. Tarkos avance des équations – ma langue est … – et dans le même mouvement brise la logique de l'équivalence, son "est" se veut à la fois programme, promesse, distance, hypothèse, geste. Par la répétition, par d'obstinées rafales, par le charme de l'anacoluthe, ce qui est dit n'est pas assener, mais bégayer, comme si chaque couche recouvrait la précédente, la maquillait d'une force nouvelle, l'obligeait à résiter au retour du palimpseste. Tarkos use de l'arrogante formule, du péremptoire de la définition autocratique pour faire éclater tous les possibles d'une écriture qui échappe précisément à tous les cadres. La chose est encore plus sensible avec "La poésie est une intelligence", dans lequel l'auteur fait de la penser, ou plutôt du penser, une gymnastique, un travail quasi musculaire, une mécanique aspirant au dynamique : "La pensée est difficile à extraire de la pensée". Mais c'est avec "Processe" que l'on entrevoit le projet de Tarkos dans toute sa nécessité. Là, tout est affaire de perspectives, de vitesses, on sent l'écriture changer de régimes, traverser plusieurs paysages en même temps. Tarkos travaille l'épuisement du dire avec méthode (et non sans humour). Il sait que répéter c'est décaler, recommencer, il avance en crabe dans son texte et frotte les sens les uns aux autres, laissant la beauté faire son travail, tressant ritournelles et refrains. Il copie, il colle, il décrit, décortique – sa gangue est poétique, pratique. Un vent encyclopédique souffle, des nappes d'histoire glissent, on surprend des chansons, mais toujours une force philosophique brasse le fond. Une langue qui doute de tout et accepte tout, pourvu qu'elle s'essaie à tout – mais comme elle vient probablement de très loin, du corps souffrant, et, on le sent, d'Artaud, ce que cette langue touche ne reste pas inchangé. Tarkos prend soin (prudence? maîtrise?) de ne jamais céder à la dérive, à l'explosion, au silence; il préfère sucer le galet pour vérifier qu'il ne va pas fondre. Dans "oui", Tarkos met en scène/en branle/en pratique une rhétorique minimale (au début en tout cas), enfilant les affirmations en les laissant se chevaucher, se compléter, se doubler, s'entraîner, passant des idées/concepts/mots de "fermeture", "mélange", "ce qui est", "déroulement" à "l'effectif", "le trou", etc… Le vertige est là, maîtrisé, mais néanmoins là, comme une pensée prise dans le vortex du langage. Le lecteur lit et s'entend lire, sent qu'on le lit à son insu, que les mots se font lire par lui, il sent le langage hors de sa langue, un furet fou qui tourne en cage, une valse de molécules, un moulin à prières actionné par un grand profane. Enfin, avec "L'argent", Tarkos atteint son objet avec sévérité et souplesse, il rend sa monnaie à l'argent, patiemment, sèchement, méthodiquement. Et toujours, quel que soit le moment par lequel passe la physique de sa langue, Tarkos essaie "autre chose", toujours il en profite pour bypasser la syntaxe, l'obliger à des aveux sonores, des lapsus, car "il ne s'agit pas de rester vivant, il s'agit de ne pas rester en invalidité, en ennui, en incapacité, en mensonge, en hésitations, en flottement". Spinoziste écorché refusant d'aider le chaos dans son entreprise innommé, Tarkos classe, inventorie, faisant du hoquet une technique, du hiatus une guérilla – de la langue une "agitation". Tarkos agite. Il nous agite.

vendredi 28 novembre 2008

Autres Electricités


A paraître en février 2009, en Lot49: Autres électricités, par Ander Monson. (Traduit par Barbara Schmidt).

Extrait:

Nécrologie onirique pour ma mère


Qui est mon X, mon alter ego.
Qui est ma repartie mes cartes postales d’un autre pays.
Qui est mon issime.
Dont la menthe est plantée devant la maison.
Dont nous ramassons la menthe, que nous roulons entre nos doigts.
Dont le parfum est ici familier comme une chanson à la radio.
Qui peut se servir avec du thé.
Dont le nom est écrit sur des sacs sous l’abri.
Qui a épousé un ingénieur.
Dont je n’arrête pas de trouver des petits mots dans des livres parsemés
de fleurs de papier autocollant.
Dont toutes les affaires ont été jetées ou vendues aux enchères
maintenant.
Dont la caricature est gravée à l’eau-forte sur du verre dans le salon.
Qui a rendu son dernier souffle sur le divan à rayures vertes.
Qui ne le dirait jamais de cette façon.
Qui est à la fois question et réponse, trou et tout, temps et tant.
Qui vit dans un autre pays où l’on vous fouille à la frontière.
Qui nous a raconté l’histoire de son voyage au Canada par le Pont
International et de son arrestation à la Douane.
Qui se demandait si le Canada existait bien.
Qui se demandait ce qu’était le lendemain de Noël, le jour des
cadeaux.
Qui a changé tout son argent en devises canadiennes.
Qui, quoi, pour qui, pourquoi.
Qui aimait les cheveux courts et l’anglais.
Qui ne se découvre qu’après la mort, tel le secret suprême.
Qui collectionnait les recettes.
Qui gardait mon père sur le droit chemin et à la maison.
Qui m’écrit régulièrement, je le sais.
Dont les lettres n’arrivent plus par la poste.
Qui depuis là-haut est mère et femme, confidente.
Qui a réussi à obtenir un appel longue distance.
Qui était vertu et vérité.
Qui est évasure. Qui s’est évaporée.

mardi 25 novembre 2008

Inherent Vice, by Thomas Pynchon


It’s been awhile since Doc Sportello has seen his ex-girlfriend. Suddenly out of nowhere she shows up with a story about a plot to kidnap a billionaire land developer whom she just happens to be in love with. Easy for her to say. It’s the tail end of the psychedelic sixties in L.A., and Doc knows that “love” is another of those words going around at the moment, like “trip” or “groovy,” except that this one usually leads to trouble. Despite which he soon finds himself drawn into a bizarre tangle of motives and passions whose cast of characters includes surfers, hustlers, dopers and rockers, a murderous loan shark, a tenor sax player working undercover, an ex-con with a swastika tattoo and a fondness for Ethel Merman, and a mysterious entity known as the Golden Fang, which may only be a tax dodge set up by some dentists. In this lively yarn, Thomas Pynchon, working in an unaccustomed genre, provides a classic illustration of the principle that if you can remember the sixties, you weren’t there . . . or . . . if you were there, then you . . . or, wait, is it . . .


Part noir, part psychedelic romp, all Thomas Pynchon—private eye Doc Sportello comes, occasionally, out of a marijuana haze to watch the end of an era as free love slips away and paranoia creeps in with the L.A. fog…

ISBN: 978-1-59420-224-7
Price: $27.95/$31.00 Can.
EAN: 9781594202247 52795
Category: Fiction
Pages: 416
Trim: 6 1/8” x 9 1/4”
Rights: E00
On Sale: 8/4/09
STRICT ON SALE

mardi 18 novembre 2008

Pynchon Agenda


Le jeudi 20 novembre à Toulouse, Librairie Ombres Blanches, 18h, pour causer de Contre-Jour et de Face à Pynchon.

Le mercredi 26 novembre, à Nantes, au Lieu Unique, pour causer de Contre-Jour, avec Bernard Hoepffner qui causera de Noir, de Robert Coover. Débat animé par Isabelle Rabineau.

Le mercredi 3 décembre, toujours au Lieu Unique, pour évoquer Face à Pynchon avec Arno Bertina et Etienne Legrand (et sans doute Stéphane Legrand).

mercredi 12 novembre 2008

Zone au firmament


Mathias Enard vient de recevoir le prix Décembre pour son roman Zone (Actes Sud).

Quatre-vingt-dix ans et un jour après l'enterrement d'Apollinaire.

Ça ne s'invente pas.

Soleil cou couronné…

jeudi 16 octobre 2008

Scarecrowphobia

"Est-ce l’éther ? l’éther qui se définit comme un gaz soluble, à la fois dans l’inconscient et la chair, capable de s’infiltrer dans les narines et au-delà. Est-ce l’époque ? l’époque qui définit ce qu’elle dissout et vous arrache le nez afin de savoir ce que vous sentez présentement ? Ou est-ce la langue, trop longtemps embaumée, qui laisse à ses fluides le soin d’accomplir la tâche qui nous répugne? Quoi qu’il en soit, le fait est qu’après l’opération, et malgré une convalescence impeccablement cadencée et assistée, Frank L. Baum se découvre une peur panique des épouvantails — ce qu’aucun praticien n’ose nommer encore : scarecrowphobia."

mercredi 15 octobre 2008

Jörg Haider roule pour vous


Au-delà de plusieurs grammes d'indécence, la justice parvient enfin à verbaliser certains excès. Fumer tue, mais nazi meurt.

Ça balance pas mal en Autriche, ça balance pas mal.
Si on doit compter sur l'alcoolisme au volant pour combattre la bête brune, votons pour des meetings arrosés…

Du vent

à Eric Chevillard, mon frère moutarde ès épiphanies shonagunesques…


Du vent l'autobiocratie et ses petits tyranneaux si sauriens qu'il n'en reste exactement que ça —
Du vent l'aventure goncourable du pouce opposable au pouce un peu trop sucé —
Du vent la naissance du talent dans le choux médiatique —
Du vent les retrouvailles paparizzées de Kafka et de Machinchose entre deux pages glossy —
Du vent l'incontournable récit de la mort d'un père en abyme dans la gueule du fils —
Du vent l'art subtil et fragmentaire du puceau des lettres de crédence —
Du vent l'usage intempestif de l'imparfait de l'objectif —
Du vent dans les peupliers qui ne savent pas plier —
Du vent l'atrophié du verbe qui nonobstant sur ses tomes —
Du vent le bas-bleu qui voit rouge à chaque verdurin —
Du vent l'inéffable primé —
Du vent le géographe des passions à la férule académique —
Du vent le médiateur modérateur à tout à l'heure —
Du vent l'enfant savant qui singe l'adulte adulé —
Du vent l'oniriste patenté et breveté —
Du vent le récitant drapé d'octets —

Du vent, du zéphyr, de la tramontane — trois fois bon vent aux brodeurs de verbe bavards qui bravent l'adverbe comme un costaud taureau monté sur roulettes.

Sur ce, les joueurs d'ukulele retournent à leurs castagnettes, grisés par le tonitruant moteur de leurs très vagues intentions mais très fermes additions. Et quand le rideau tombe, ils comptent les plis et en déduisent d'incommensurables fausses vérités. En cas de rappel.

Nuit câline

Le budget de l'Élysée en 2008 a dépassé de près de 10 millions d'euros le montant voté, principalement en raison des déplacements de Nicolas Sarkozy, qui les a multipliés par trois par rapport à Jacques Chirac.

Par ailleurs: "J'ai eu de plus en plus souvent, il m'est pénible de l'avouer, le désir d'être aimé." (Houellebecq)


Sinon, il paraît que la SNCF veut améliorer l'affichage de ses tarifs. Et que Jörg Haider était ivre. Personne n'aura donc jamais la décence de nous surprendre?

La maison des crêpes

mardi 14 octobre 2008

Poème Dernier (extrait)


de mes excès je chante
l’encore timide envol et cela te jette dans une rage
qu’aucun béton ne leste
ni ne calme

tu crois que cette arme dont je tends
les cordes est une lyre et tu dis
:
pas de lyre ici pas de lyre
qu’aucun accent qu’aucun accord de jour comme de nuit
résonne le son est faux

faux est le son je nous l’accorde et y mets
du mien comme du tien
à le prouver sans renoncer pour autant à visiter ces

pénibles selon toi

cacophonies

lundi 13 octobre 2008

LOL


« J'ai toujours cru que la littérature c'était comme la mer, ou plutôt comme le vol d'un oiseau au-dessus de la mer, glissant très près des vagues, passant devant le soleil » (J.M.G. Le Clézio, 1985).

mercredi 24 septembre 2008

Enard: "the" bio


Mathias Enard était reçu il y a peu par la librairie L'Arbre à Lettres Mouffetard, et moyennant grasses finances, Arno Bertina et moi-même avions accepté, un peu à contre-cœur, de présenter ce vibrant Homère ferroviaire à une chouette floppée de lecteurs incrédules. C'est à bibi qu'échoyait la tâche ingrate de dévoiler le passé, présent et avenir biographique de Mister Enard. Comme j'ai constaté avec tristesse que personne ne prenait de notes, et puisque certaines personnes en ont exprimé le souhait (ils ont mon RIB), voici donc le texte in extenso de ma douteuse allocution. (Le même Enard vient de se faire écharper dans Paris-Match, avec cette crotteuse morgue qui semble devenir l'apanage des chroniqueurs agacé par le talent - mais dieu que les photos du pape et de Sarko sont belles! on s'abonne illico). Fin de la parenthèse, début des anti-hostilités:

Mathias Enard aurait pu naître à Niort en 1972 mais il a préféré voir le jour, et aussi un peu la nuit, en plein IXème siècle avant Jésus-Christ, non loin d’Ithaque, une île qu’il connaît comme sa poche et qu’il achètera plus tard pour quelques deniers afin de s’y installer. Dans un premier temps, Enard est éduqué par un certain Chiron qui l’initie aux arts de la guerre, à la musique et à la médecine. Mais Enard a la bougeotte et la Grèce est trop étroite pour ses rêves d’exil, le voilà déjà ailleurs, déjà partout, il va se prélasser en Samarie, s’entretient brièvement avec un certain Domitien, passe ensuite le plus clair de son temps sur l’île de Patmos où un de ses amis lui donne ce conseil avisé : « Ecris donc ce que tu as vu, le présent et ce qui doit arriver plus tard. » Il se rend alors au Clongowes Wood College, une sympathique institution jésuite située dans le comté de Kildare où il ne reste que quelques semaines, toujours cette fameuse bougeotte, on le retrouve peu après à Trieste où il enseigne le persan à l’école Berlitz. Commence alors pour Mathias Enard une période d’intense production. Il écrit en l’espace de quelques mois une dizaine de livres tous plus ambitieux les uns que les autres, dont il ne reste malheureusement que les titres, dont voici quelques-uns : La Réfection du Pire ; Démonter la Remorque ; La civière des Ambulanciers, etc.
Survient alors un événement proprement sismique qui va bouleverser l’existence du jeune Enard et que l’histoire a retenu sous le nom de Petite Apocalypse. Alors qu’il longe la faille nord-anatolienne, le futur auteur de Zone décide de pousser jusqu’à Istanbul. A l’instant même où il s’assoit à une terrasse de café et passe commande d’un ayran glacé, la terre se met à trembler et la moitié de la ville disparaît sous les décombres. Mathias fait partie des rares survivants. Ensemble, ils créent une secte d’illuminés, persuadés que la fin du monde approche et qu’il est urgent de fumer une dernière clope. Enard devient vite une figure emblématique de ce mouvement. Mais le démon du voyage le reprend, ainsi qu’on pouvait s’y attendre. Les lieux se succèdent comme autant de canettes vidées : Pylos, Corcyre, la Phéacie, Télépyle, Charybde, Scylla, etc.
Enard semble alors disparaître pendant quelques années. C’est la période dite de « l’égarement ». Il aurait prononcé des discours délirants à la radio italienne et on prétend même qu’il aurait véu quelque temps enfermé dans une cage. Le mythe prend forme.
Ce qui est sûr, c’est qu’il a déjà en tête toutes les bases de son grand œuvre à venir. Le déclencheur ne va pas tarder. Enard s’engage un beau jour dans la Compagnie des Wagons-Lits. Il sillonne ainsi l’Europe, particulièrement les Balkans, et contracte une maladie rarissime, une forme très mystérieuse d’hystérie ferroviaire, vaguement décrite en son temps par Charcot. Le seul remède à ce mal est l’écriture, l’écriture à un rythme soutenu. Et de fait, Enard se met à écrire, tout d’abord sur des post-it, qu’il colle un peu partout sur les murs des gares par lesquelles il passe, puis dans des petits carnets à carreaux qui dissimule subrepticement dans les églises vénitiennes, en général derrière des toiles apocryphes du Caravage. Enfin, il achète son premier ordinateur, un PC, malheureusement, et perd les cinq cent dix-sept pages de son roman, la première version de Zone, apparemment, dans laquelle il décrivait les errances d’un Tchèque germanophone qui sillonne la planète en montgolfière.

Plurilingue, mais aussi multilingue et polyglotte, le roi Mathias tisse pendant quelques temps des tapisseries, mais la ville de Bayeux refuse de les lui acheter. Il se remet donc à l’écriture, rédige une centaine de poèmes pornographiques qui lui valent moult procès, gagne quelques matches de tennis contre Federer, lance plusieurs revues, cuisine intensément, traduit énormément mais dans une langue qu’il a inventé et que seul lui sait déchiffrer.

La revue Inculte le recueille et l’héberge un temps. Le bruit court un temps qu’Enard n’est autre que Thomas Pynchon. Sa renommée ne cesse de croître. Puis, une nuit, après avoir fumé une substance hallucinogène, il écrit en moins de six heures l’intégralité de Zone. Le manuscrit est accepté aussitôt par les éditions Actes Sud. Et tout le reste est littérature.





Changer la langue


Des années que je rêve comme 65 autres personnes, de changer la langue, en vain, en vain… et voilà qu'au moment où je doute que la chose soit possible, je reçois cet e-mail incroyable qui me prouve par a + b (que multiplie 69), que la chose est possible – au lecteur de décider, comme disait Mr.P. :

Hello !
My name is Elmira!
I romantic, good, sensitive, intellectual, reliable girl. I search for, which - that special to be its partner. You should be an artist, in in your shower. But I search only serious relations, I am killed already simply by morons which would want only chance photo that masturbated on it!!! If you such. Then please at all do not answer me. The Harmony, understanding and confidence also much it is important. If You interesting corresponder with me also. And if You answer me then I - send
You certain mine photo and dialect more about me directly.
We with you have got acquainted with you on dating site
I hope you remember me.

mardi 23 septembre 2008

Ennemis Publics Ta Mère

Parce que rire est le propre de l'homme…

De : BHL [mailto: BHL@perlinpinpin.fr]
Envoyé : jeudi 11 septembre 2007 16:18
À : Michel H.
Objet : Le Livre Que Je Fais Avec Toi

Cher H. Quant à ce projet, c'est bien parce que c'est moi. Problématisons quand tu veux. Cordialement, B.



De : Michel H. [mailto:mhouïlle@nananère.fr]
Envoyé : jeudi 18 septembre 2008 16:18
À : BHL
Objet : Le Livre que Je Fais Avec Toi

Mon B. C'est OK, mais laisse-moi m'occuper de la partie droits audiovisuels.
Je dois sortir le chien, sorry. MH.

samedi 20 septembre 2008

Bertina: Des bulles sous la banquise

Le nouveau texte d'Arno Bertina (sortie le 2 octobre aux éditions Verticales) s'appelle Ma solitude s'appelle Brando, mais celui qui dit "je" dans ce titre n'est pas l'écrivain (nul egopathie chez Bertina), mais un aïeul, un disparu brièvement croisé dans l'enfance, quand les chemins, divergents ou perpendiculaires, s'essaient magiquement au parallélisme. Bertina ne cherche pas à composer un portrait, il crée des souvenirs, précis comme des miniatures, scandés comme des arpèges à ressorts, et les ayant brassés les redistribue. Cet aïeul est autrement plus intéressant que le Tartarin mis récemment en scène par Olivier Rolin: moins de panache, moins de rodomontades, il est d'une chair plus volatile qui n'avale jamais l'écriture. Bertina tourne autour de lui tel un oiseau, sans jamais le becqueter, mais en le scrutant de ses phrases parfaites. Car Bertina nous donne ici une impressionnante leçon d'écriture: et si l'on peut, effectivement, penser à Pierre Michon (des vies minuscules plus grandes à l'intérieur qu'à l'extérieur, une syntaxe aux phalanges rusées), on pense parfois à Glenn Gould chuintant au-dessus du clavier, ou plutôt, à Keith Jarrett et son Köln Concert: une précision sans cesse renouvelée de la scansion. Certains passages se lisent avec les doigts, comme si la lecture découvrait des mètres cachés, une gamme subtile:

Ce n'est que par là – cette chose qui vous ulcère – que je mériterai pleinement de mon sang – je vous ôte ces mots d'une bouche dont vous gardez les lèvres pincées ; si nous étions nobles vous auriez du "sang" plein la bouche, mais nous ne le sommes pas et ne pouvons parler que de droiture ou de vertu.
Cet aïeul a voyagé, a administré des colonies (l'Afrique fantôme hante le livre), il est revenu, a vieilli, a décliné selon certains, implosé selon d'autres ("son espace mental s'est encore agrandi", constate le médecin…): le texte de Bertina, lui, ne se laisse pas coloniser par la nostalgie, ni exiler par l'exotisme, il avance, par blocs savants et mesurés, variant les vitesses, avec un art ponctuant qui laisse admiratif. Et jouant des temps verbaux comme un chimiste désireux de créer de minuscules précipités, d'infimes explosions.

Il y a quelque chose de mâle dans cette histoire. […] De mâle cassé pourtant, ou toujours sur le point de rompre, trop tendu vers une chose qui est hors d'âge, creusant dans leur vie un hiatus large comme un ventre vide.
Sous couvert de mémoire par contumace, Bertina crée sous nos yeux un art poétique qui jamais ne se regarde, qui jamais ne s'oublie – il dit ainsi la fêlure et des corps et des souvenirs, et des vies et des époques. Ma solitude s'appelle Brando – parce qu'un homme est une île, une terre littéralement "désappointé" – est lui-même scindé en deux, d'abord le déroulé déréglé d'une vie, des questionnements et des rêveries, une approche du sujet par esquives et caresses; puis le vent souffle, décollant les pages de l'album, et passé la page 44, les paragraphes débutent par des hiatus, justement, des (…) sont comme des grains de sable s'échappant entre les doigts du narrateur-sablier.

Sous-titré "hypothèse biographique", Ma solitude s'appelle Brando, fort de ses impeccables soixante-dix neuf pages, envoûte très sereinement le lecteur tel un piano perdu dans le désert, ou comme ces bulles dont il est question dans le livre, des bulles d'air qui se déplacent sous la banquise à la recherche d'une issue. Qu'est, et dans le ravissement, la lecture.

(Note: dans un commentaire laissé à la suite d'un autre post portant sur un autre livre, quelqu'un m'a reproché de ne traiter que des écrivains-amis ou bien des auteurs publiés par mon éditeur; je préciserai donc qu'Arno Bertina est mon ami et qu'il est publié par mon éditeur. Qu'on reproche donc à Arno d'écrire des livres qui me parlent et à Verticales d'en éditer – dans cette affaire je n'y suis pour rien. L'amitié littéraire a pour moi un sens qui se passe d'ascenseur et de censeur.)




Pynchon recalé !


Ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de piquer un fou rire, surtout en lisant le Figaro Magazine. Le rire est le propre de l'homme, certes, mais les causes qui le déclenchent sont parfois si inattendues… C'est à un certain Jean-Christophe Buisson que nous devons ce fou rire qui résonne encore dans notre glotte et notre cervelet tel le vrombissement d'un frelon ayant abusé de la pinacolada. En effet, JCB a réussi, en 16 lignes, à démontrer (hi hi) que le roman de Pynchon (1211 pages…) était raté. Why not? Mais lisez plutôt:

Oui, Thomas Pynchon, quoique surcoté par la critique moutonnière, est un écrivain important.
Si les journalistes commencent à se tirer dans les pattes, où va-t-on… Mais continuons pendant que le fou rire ne nous brouille pas encore trop la cornée…



Oui, son nouveau roman est impressionnant par sa taille, sa structure narrative et son foisonnement de personnages, de situations, de ruptures stylistiques, d'intuitions et de réflexions géopolitiques (le récit se déroule entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle : montée des périls nationaux en Europe, fin de l'isolationnisme diplomatique américain, course à la technologie... et aux armements, etc.).

OK. Jusque-là, on ne se tient pas encore les côtes – mais attendez:


Non, Contre-jour n'est pas autre chose qu'un livre impressionnant. Aucune émotion, aucun humour ne se dégagent de ce tourbillon de mots qui noient le lecteur jusqu'à l'étouffement. On passe d'une histoire à l'autre, d'un continent à l'autre, d'un héros à l'autre, d'une narration à l'autre, avec l'effrayant sentiment que cela pourrait durer 10 000 pages...

Ça y est, je sens un léger hoquet vous secouer. "Aucune émotion, aucun humour…": c'est écrit noir sur blanc. Mais j'ai gardé pour la fin – et pour cause – le meilleur de cet articulet, qui nous permet enfin de comprendre les raisons de cet impressionnant échec qu'est Contre-Jour

Surtout, quel gâchis pour un esprit aussi original que celui de l'écrivain fantôme américain : ne pas avoir mieux exploité la figure du savant fou serbe Nikola Tesla, génie scientifique du XXe siècle. Trop grand pour lui ?

Bon sang mais c'est bien sûr! Et du coup je me demande pourquoi Joyce a été infoutu de rendre justice à Ulysse, pourquoi Proust n'a pas été plus disert sur Dreyfus, comment Robert Coover a-t-il fait pour bâcler le personnage de Nixon, etc. Tesla plus grand que Pynchon? Il fallait y penser. Pynchon aurait dû nous ficeler un chouette petit roman autour d'une seule et belle figure historique, plutôt que de cavaler ainsi de par le monde immense.

Ah, Tesla, que de crimes on comment en ton nom. Grand, immense Tesla… Pauvre, petit Pynchon… Hilarant Buisson. Tout ça nous ramène à cette merveilleuse époque où l'on pouvait lire dans la presse d'aussi éclairants jugements que celui-ci:

« Le nom de M. Jean Bidegain appartient, désormais, à l'histoire » (Jean Bigedain, L'illustration, 7 janvier 1905).



mercredi 17 septembre 2008

Pynchon Live


Hommage à Thomas Pynchon
à la librairie
L'Arbre à Lettres

(14 rue Boulard - 75014 Paris)
Jeudi 18 septembre 08

A l'occasion de la sortie de Contre-jour (Seuil), du recueil Face à Pynchon (Lot49) et du premier numéro de la revue Cyclocosmia, une soirée pynchonoïde dédiée au grand reclus des lettres américaines. On lira, on causera, on boivra.

Bonus: Un exemplaire de Mason & Dixon (coll. Points) – qui ne sortira que le 9 octobre… – sera offert à la première personne qui saura retrouver la phrase très particulière que prononce le perroquet Joaquin dans Contre-Jour.

lundi 15 septembre 2008

Vollmann Imperator

Alors que DFW nous a quittés, un autre événement monstrueux se profile à l'horizon 2009… un nouveau livre de Vollmann, sobrement intitulé Imperial, à paraître le 16 avril, 1296 pages consacrés à la région d'Imperial County, au sud-est de la Californie.


Livre énorme, ambitieux, en treize parties et deux cent onze chapitres, assorti de cartes et d'illustrations, qui narre l'histoire de cette région proche du Mexique où l'impérialisme s'est illustré de façon our le moins efficace…

En voici les toutes premières lignes: "The All-American Canal was now dark black with phosphorescent streaks where the border’s eyes stained it with yellow tears. — These lights have been up for about two years, Officer Dan Murray said. Before that, it was generators. Before that, it was pitch black. ".

dimanche 14 septembre 2008

DFW: RIP


L'écrivain américain David Foster Wallace, 46 ans, n'est plus.

La mort, qui ne compte pas les pages, a eu besoin de lui. But why?


A nous d'avoir besoin de ses livres.


Life, this Infinite Jest…

samedi 13 septembre 2008

Le monde tel qu'il va

Le pape a pollué Paris. Bashung a réveillé les Rouges. Edvige s'est sepukku-poké. Dany voit vert, comme d'hab. Cécilia trouve Dubaï un peu cher. Le fils Sarko renfloue les caisses. Les Russes quittent (un peu) la Georgie. Obama fait ce qu'il peut. Quel monde. Quel monde. Quel monde. Que faire d'autre sinon lire/relire Zone de Mathias Enard? Guetter le Rome, regards, de Rolf Dieter Brinkman, que publie très bientôt Quidam? Le Pen ne veut pas prendre sa retraite, ça tombe bien, nous non plus. L'argent est roi. Cou coupé. Les méduses sont sexy. Angot a écrit un livre, elle aurait pu en écrire deux, ne nous plaignons pas. Quel monde. Personne "ne" "lit" Pynchon". Et comme si ça ne suffisait pas, il pleut des pêches de diamant. Dees cerises qui rosissaient ou grossissaient quand des doigts s'en emparaient. La pluie ou la rosée. Lisez Fabrice Colin. Lisez Thelonious Monk. Just do it. Be Fric-Frac.

vendredi 12 septembre 2008

L'escroc et l'illisible

Heureusement que les critiques sont là pour remettre les pendules à l'heure. Ainsi, dans Marianne, un article de deux pages vient nous ouvrir les yeux: l'ouvrage de Vollmann – Pourquoi êtes-vous pauvres? – est, ni plus ni moins, "l'escroquerie de cette rentrée"! On y apprend que Vollmann fait preuve d'une "condescendance rétrograde", d' "indifférence", de "haine contenue" envers les pauvres. Il y est question de son "pragmatisme de pacotille", de son "post-tiers-mondisme", de ses "généralité douteuses", d'un "enchaînement d'aberrations", bref, de "terrible gâchis". Que répondre à ces "critiques" qui, finalement, relèvent plutôt de l'insulte que de la fine analyse? Que répondre à l'accusation de "relents de chronique coloniale"? L'indépendance de ton de Vollmann, sa puissance d'empathie, son humanité et ses connaissances sont sans cesse démontrées dans tous ses livres. Pourquoi une telle mauvaise foi, alors, dans cet article? Oh, la réponse est très simple: Vollmann nuance, il ne condamne jamais, il doute, il met en perspective. Il ironise, aussi, car la pitié n'est pas son arme. On ne trouvera jamais chez lui ce fiel que déverse avec une haine nullement contenue l'auteur de l'article. On a bien sûr le droit de critiquer la démarche de Vollmann et ses analyses, mais la peur de l'islamisme justifie-t-elle qu'on vomisse ainsi sur un écrivain qui, pourtant, ne saurait être soupçonnable de prôner le colonialisme? Il est grave de parler de "nausée" à la lecture d'un livre. Heureusement qu'il s'agit là d'un phénomène physiologique que ne procure jamais la presse…

Enfin, cerise sur le gâteau, un article paru dans Le Point nous informe que le roman de Thomas Pynchon, Contre-jour, "même s'il est largement acheté rumeur aidant, ne sera probablement lu que par l'auteur lui-même, son […] traducteur, Claro, et une poignée d'inconditionnels". D'où jaillit cette prescience? Nous ne le saurons jamais. En tout cas, l'auteur de l'article affirme s'être imposé la lecture intégrale du roman, c'est donc avec plaisir que nous l'acceptons dans ce cercle riquiqui de happy few. Le cercle de ceux qui lisent et aiment "des écrivains pour personne", qui lisent et aiment "des livres qu'on ne lit pas, mais dont on parle".

Résumons: Vollmann est un escroc à la solde du colonialisme et Pynchon a écrit un livre lourd et long. Je schématise, bien sûr, mais peut-être qu'ainsi on me proposera des piges dans un journal…


mardi 2 septembre 2008

Iliade longtemps

Zone est un livre qu'ausssitôt on aime, dont on tombe amoureux comme d'une fille qui vous offre la braise de sa cigarette en guise de lèvres, et vous gifle au ralenti plutôt que de vous inviter à l'inique visite de ses entrailles. Car la vie est injuste. Le monde est une farce. Et l'histoire n'est que concentrations de camps et tirs embusqués. Les bourreaux s'avouent victimes et les victimes postulent à la charge de bourreaux. Nous ne serons jamais que les sinistres snipers de nos destins. Mathias Enard, avec ce quatrième livre, retend les cordes et largue les amarres. Il arme sa phrase, doigt sur le pontet, et vise la cible qu'est notre mémoire aveugle et sourde, il dit ce que notre cœur ferroviaire, entre Milan et Rome, pourrait dire si nous savions ce que, de l'Illiade à Joyce, des charniers de Carthage aux massacres balkaniques, nous pourrions chanter et pleure, nos cendres dans nos cheveux et nos griffes sur le sol insaisissable de l'Histoire. "tout est plus difficile à l'âge d'homme": ainsi commence un des cent meilleurs romans du siècle: un règlement de comptes avec l'insolvavble vérité trahie du vingtième siècle.

Le train démarre, un homme somnole dans le cauchemar de Dédalus, il vit et revit les amours saignées et les amitiés enfouies, son périple doit l'échouer à Rome pour livre au saint pontife ou ses démons le registre entier des crimes que l'humanité ne s'excuse pas d'avoir commis. 5OO pages comme autant de kilomètres entre Milan le rapace et Rome la déchue. 500 pages où un certain espion s'espionne le cœur et l'âme, à l'ombre mâle et sublime des chants homériques.

Qui est cet homme, qui traverse l'Histoire, la campagne italienne, les lits défaits des amours chues, les rêves brisés de ses contemporains? Il a trahi la trahison et confié l'aveu aux nuits muettes. Il pleure quand nous réfléchissons et tue quand nous hésitons. Il est la conscience effritée de cette vaste ébullition qui a pour nom Europe mais qui s'est jouée entre les lèvres distendues de la Méditerranée. D'une phrase d'une seule, Mathias Enard raconte non le cheminement d'un égaré, non l'odyssée d'un simple "mouchard international" ou d'un improbable "rejeton d'Arès", mais – à coups de salves, d'incises, d'incisions, de décisions – la ligne tremblée et flottante d'une existence vouée aux crimes indispensables. Lumière, ombre, beauté, silence: la voix qui prend le lecteur à la gorge et par les couilles sait d'où elle vient et où elle va. Sarajevo et Auschwitz sont notre hier et voisin — qu'en avons-nous cru que Troie était tombée? quand Cervantès a-t-il failli perdre plus que la main? Pourquoi oublions-nous? Mathias Enard n'oublie rien, ni les Palestiniens de Genet ni les campagnes de Bonaparte. En aède rude et bacchique, il trace les errances de toux ceux qui, à l'heure de choisir, décident malgré eux, et font l'histoire. Dire ce que ce livre est un chant est une évidence. Il en est vingt-quatre. Non en seul hommage à Homère. Mais aux heures du jour qui font que le Temps est peut-être un jour éternellement recommencé. Et si Zone est nietzschéen, il l'est dans l'amour, dans la folie, dans la négation.

Un homme prend un train, ou une décision, une femme – mais ce qu'il prend il le prend avec son corps, l'archéologie fastidieuse et pourrissante et sublime de sa mémoire. Il n'a oublié ni les caresses ni les coups. Enard nous donne : il nous donne tout. Les cris des porcs qu'il faut égorger pour bouffer, des villes qu'on rase, des lettres qu'on n'écrit pas, des mots qu'on perd au pied du lit. Sa prose, qui s'est nourrie et ravie de Cendrars, d'Appolinaire, qui est le cou coupé de la littérature telle qu'elle née à l'aube des charniers des guerres, est une prose qui nous parle aussi de Burroughs, de Genet – parce que les crimes qui sont commis dans ces pages sont, avec autant de gloire défunte, décrits, narrés, vécus, fourgués.

Zone est le train que nous n'aurions pas dû prendre. Le périple que nous aurions préféré ne pas entreprendre. Parce que nous sommes lâches et que, très rarement, la littérature ose dire et ausculter et épouser les drames sans pour autant les négocier à l'aune de la conscience. On parle souvent du rapport des écrivains au réel. Avec Enard, la chose est claire et entendue: toute sa prose le dit: quand Cervantès manque périr à Lépante (et n'y perd que la pogne), c'est notre faculté à rapporter qui tremble et faillit. Qui fait l'histoire Qui s'érige Tribunal? Qui libère les Camps? Enard se méfie des majuscules comme de la prédestination. Il préfère les corps amoureux enroulés dans les tapis, les émois moirés au ciel inversé de Venise, les trouilles flanquées au froc. Il nous dit le soldat qui rampe et l'amant qui mouille.

Zone est un grand livre, non parce qu'il nous parle de ce que l'Europe n'a pas su faire, non par ce qu'il nous conte, fragmentairement et minutieusement, ce qui fut fait et défait entre Gibraltar et Suez, mais parce qu'il initie un phrasé à la fois merveilleux et désespéré. Lire Enard c'est partir, c'est mourir, c'est revivre – c'est, avec lui, écrire le temps retrouvé, perdu. Un écrivain ne juge pas. Il libère tout: toutes les puissances: les siennes, celles de l'histoire, de la géographie. Et surtout il fait ce que fait Enard: il se noie dans la beauté de l'aveu et du mentir-vrai. Il nous rend à notre éternelle attente.

Que celui qui n'a pas lu Zone me jette la première et la dernière pierre.


L'arc en ciel de la légèreté


"Longue et mince, [la corniche] épouse la côte tout autant qu'elle contient la ville, en ceinture les excès, congestionnée aux heures de pointe, fluide la nuit – et lumineuse alors, son tracé fluorescent sinue dans les focales des satellites placés en orbite dans la stratosphère. Elle joue comme un seuil magnétique à la marge du continent, zone de contact et non frontière, puisqu'on la sait poreuse, percée de passages et d'escaliers qui montent vers les vieux quartiers, ou descendent sur les rochers. L'observant, on pense à un front déployé que la vie affecte de tous côtés, une ligne de fuite, planétaire, sans extrémités: on y est toujours a milieu de quelque chose, en plein dedans. C'est là que ça se passe et c'est là que nous sommes."

Ainsi commence le nouveau roman de Maylis de Kérangal, Corniche Kennedy: par une définition proprement deleuzienne, et qui sert de rampe de lancement à la lecture. Il est question d'une meute d'adolescents qui a élu ses quartiers sur une corniche, au bord de la Méditérranée. Il est surtout question d'une forme d'émancipation par l'anti-gravité, puisque nos trublions cherchent à se déprendre du monde en sautant de trois plongeoirs, situés à trois hauteurs différentes, avec un échelonnement des risques croissant. Le premier promontoire d'où ils sautent: 3 mètres. Le deuxième: sept mètres (ils le surnomment le Just Do It – slogan de Nike, qui est aussi divinité ailée…). Le troisième, le plus dangereux, s'appelle le Face To Face: 12 mètres. On songe à des rites d'initiation, bien sûr, mais Maylis de Kérangal détourne ce qui pourrait être une simple typologie des modes de passage à l'âge adulte pour nous livrer une véritable poétique du saut (on pense beaucoup aux sauts photographiés par Lartigue), une géométrie de l'envol et de la chute, qui permet à nos Icares zonards de se glisser entre ciel et mer, enre vie et mort, non pour se trouver, mais pour se dissoudre dans la pure vélocité. C'est aussi le risque du récit, sa plendeur: à tout moment, tout peut être suspendu, arrêt sur image, dissolution… tant ces "élancements" des corps semblent vouloir s'arracher au récit, afin de signer dans le ciel quelque mot d'ordre de devenir-imperceptible – passages magiques, passages hypnotiques du roman où l'écriture fait fusionner mystique de l'envol et fureur de la gravité, où le corps mué en projectile s'essaie à des postures, tente des vitesses autres. On pense parfois à Olivier Cadiot, en moins mécanique, en plus fluide : Maylis de Kérangal a un phrasé tout en ricochets, tantôt cascadant tantôt météorique, elle laisse ses paragraphes palpiter sous des afflux d'électrons avec une maîtrise et une simplicité qui forcent le respect. Fantaisie éthéréenne, éloge des naïades, micro-bildungsroman où ça tchache à tout va, mais aussi vrai-faux polar, Corniche Kennedy tire son charme immense de sa victoire sur la gravité. "Il s'est placé dans le flux de sa lumière, et l'accompagne, intelligent, puisque c'est l'heure, après tout, heure pyromane, nuit / jour, nuit / jour, tic tac, tic tac, cliquètement du monde terrestre, dominos, tout cela est affaire de course orbitale, rien de plus régulier." Il est rare qu'un écrivain tutoie ainsi le vertige… et nous emmène, consentants, ni plus ni moins "vers la grâce". L'Etat est un monstre froid, mais les lascars de De Kérangal lui résistent en devenant ludions, marsouins, poings cognés contre la tôle des eaux. Géométrie de l'émotion, rafales des gestes: le lecteur vacille sur le triple promontoir, ébloui.

lundi 1 septembre 2008

Bordel flottant


Des néons sous la mer – premier roman du dextre Frédéric Ciriez – ne se contente pas d'être le premier roman à décrire superbement une partie de baby-foot. Telle une bonne fée marraine légèrement perverse, et n'ayant pas de potiron sous la baguette, ilréussit l'exploit de changer en sous-marin en maison close et ce qui aurait pu être un essai "fake" en boîte noire des pulsions vénales. Et comme si ça ne suffisait pas, Ciriez se paie quelques échappées belles, de vrombissantes lignes de fuite dans la cambrousse paimpolaise. En rusé wizard, Ciriez adopte d'emblée un ton d'une élégante éloquence, afin de mieux nous leurrer dans son submersible: "L'éblouissante arrivée dans l'entrée du chenal de Paimpol, de jour, par beau temps, en voilier ou en caboteur, rappelle quant à elle la sérénité grandiose de la pleine mer qui baigne les îlots de certains archipels grecs." Lecteur, te voilà discrètement prévenu: gare aux sirènes! Car très vite l'auteur nous ouvre des portes, nous donne à entendre des voix, par le truchement du préposé au vestiaire de ce U-boat lupanar; le livre, alors, largue les amarres, de petits destins décochent de brefs éclairs, le narrateur file des fugues ("il y a du vent et de la grippe injectés dans les veines de l'air"…!), une chromologie s'égrène, faisant fi du symbolisme… Objet composite, qui n'a pas peur des grands écarts (on peut passer du marketing des corps au suicide de Patrick Dewaere), Des néons sous la mer se permet tout ou presque: le poète en conseillera la lecture à sa catin.

mercredi 27 août 2008

Actu Pynchon

Je n'apprendrai rien aux membres du FFC en leur signalant la prochain parution de la revue Cyclocosmia – ce numéro un, attendu autour du 18 septembre, contiendra un très alléchant dossier sur Thomas Pynchon. L'initiative est signé Antonio Werli, libraire, auteur, artiste, et pas mal d'autres choses.

Pour ceux qui veulent l'acquérir, il est possible d'aller . Côté sommaire, le dossier Pynchon se décline ainsi:

- Antonio Werli : "Slow Learner : Thomas Pynchon, un portrait de l'invisibilité"
- Olivier Roussilhe : "Le double et son masque" (fiction)
- François Monti : "V. : là où nous allons"
- Olivier Lamm : "The Crying of Lot 49, Gravity's Rainbow, Vineland : "Slow Whirlwind", d'un jour d'avant au jour d'après, genèse d'une cosmologie du doute en trois étapes"
- Julien Frantz : "Gravity's Rainbow : infra-film en molécules longues"
- Julien Frantz : "Vineland : à travers le Bardo médiatique"
- Gilles Chamerois : "L'incipit de Mason & Dixon : l'arc-en-ciel de la création"
- Claro : "Mason & Dixon : entre les lignes"
- Marc Courtieu : "Comment interpréter les événements du monde : paraboles et lignes droites, la géométrie paranoïaque de Thomas Pynchon"
- Pedro Babel : "The funny Tom show : brève et insuffisante notule sur l'humour de Pynchon"
- Rodrigo Fresan : "Against the Day : l'hystérie interminable"
- Julien Schuh : "Against the Day : une alchimie de la lumière"
- garp : "Garde contre" (fiction)


mardi 26 août 2008

Rendez-Vous


Le nouveau roman de PynchonContre-Jour – sort le 4 septembre. Il trône sur mon bureau depuis ce matin et ça lui va bien. Maintenant, il va falloir l'accompagner un peu, l'aider à sortir dans le monde, accompagné du fidèle Face à Pynchon (premier essai à paraître en Lot49, grâce à la réactivité de quelques Inculte).

Quelques dates :

Le 11 septembre, soirée Pynchon à la librairie Le Comptoir des Mots (239, rue des Pyrénées
75020 Paris- 01 47 97 65 40)

Le 18 septembre, soirée Pynchon à la librairie L'Arbre à Lettres, 14 rue Boulard, 75014

Le 18 septembre au matin, 10h40, on en causera dans le poste, sur Radio Aligre (93/1)

Le 26 novembre et le 4 décembre au Lieu Unique, à Nantes (avec Arni Bertina et Etienne Celmarre le 4 décembre)

Le 20 novembre, soirée Pynchon à la librairie Ombres Blanches, à Toulouse


Côté Vollmann, dont Actes Sud publie bientôt Pourquoi êtes-vous pauvres ? ça commence par une radio demain soir, mercredi 27 août, sur France Cul, à 19h (l’émission 18/20 L'EMISSION : Le RenDez-Vous sur France Culture : 93.5 Paris). Bonnes feuilles à paraître dans le Nouvel Observateur qui sort jeudi.

A noter également qu'avec Arno Bertina, je présenterai Mathias Enard, invité par la librairie L'Arbre à Lettres ( 2, rue Edouard Quenu, en bas de la rue Mouffetard – 75005 Paris), le 19 septembre, à l'occasion de la parution de son roman Zone (Actes Sud).

Back en stock


Exit les vacances! On a essayé la pétanque (trop salissant); la natation (interdit de fumer dans le grand bain, laissez tomber); le tennis (impossible de trouver des rotules en acier, hélas); le mini-golf (absurde); la sieste (lassant); le bronzage (élémentaire et vain); le ping-pong (quelques secondes de gloire bien trop éphémères); finalement, la lecture s'est avérée l'activité championne number one. Sur la pile estivale, pas mal de choses: Des néons sous la mer, de Frédéric Ciriez (Verticales), superbe encyclo-intimo-visite d'un bordel insubmersible; War & War, de Laszlo Krasznahorkai (New Directions), ainsi que Le Tango de Satan (Gallimard); on s'est cassé les dents sur 2666 de Bolaño (la trad?); Un chasseur de lions, d'Olivier Rolin, savoureux safari dans les plis d'un dix-neuvième siècle finissant, où un Tartarin d'entreprise vend la peau du fauve avant de l'avoir tué (mais Manet le peint); Le bonheur de la nuit, de l'indispensable Hélène Bessette (d'où semble avoir surgi la moitié du catalogue POL, de Cadiot à Léal – Frédéric Léal dont on lit tout ce qu'il écrit, entre autres aux éditions de L'Attente: chaque fois un éblouissement amusé); Corniche Kennedy, de Maylis de Kerangal, magnifique: un traité d'anti-gravitation passé au tamis d'un polar caniculaire… On reviendra sur ces titres et quelques autres.