lundi 31 mars 2008

Décomposition: accroche-toi


Retenez ce nom: J Eric Miller. A la rentrée, les éditions du Masque publieront son roman-tuerie, Décomposition, traduit par votre esclave soumis. C'est court, ça fait mal, c'est imparable. Imaginez que vous ayez les pieds pris dans un bloc de béton, qu'on pose sur vos oreilles des écouteurs diffusant du Sonic Youth mais version acoustique, puis qu'on vous propose de faire du saut à l'élastique en tenant dans chaque main une grenade dégoupillée. Imaginez qu'on vous scie en deux avec un disque de Black Sabbath mais que vous ayez le droit de visionner en agonisant un extrait du Magicien d'Oz. Plus simplement, c'est l'histoire d'un conte de fées qui commence mal et qui finit mal. Une histoire de route pas vraiment de briques jaunes, sur laquelle roule une Mustang, conduite par une fille folle et foutue, avec dans le coffre un Jack de trop. Il y a aussi la plus cinglée histoire de poules de tout le roman noir et qui vous fera fuir KFC jusqu'au restant de vos jours. C'est sorti en 2006 chez Ephemera aux Etats-Zutiques. Ça explose bientôt ici. J'y ai pris un plaisir extrême, comme disait La Fontaine à propos de Peau d'âne. Comme l'a dit un lecteur perspicace: "he novel draws you in and is a roller coaster ride to the last page. It reminded me of an adult Robert Cormier novel or David Lynch flick - interesting, intense, bizarre and deeply illustrative that each person's reality is a proprietary thing. How can I like the protagonist and even understand her as her mind flows from beauty to horror without any discernable difference in perspective or conscience? I guess I liked it in a way drivers slow down to watch the aftermath of an auto accident - I wanted to look away, but couldn't stop reading. It is definitely a page turner. I highly recommend it." De J Eric Miller, on lira aussi le sublimissime Animal Rights and Pornography, publié par l'ami Soft Skull, un recueil de nouvelles cannibalesquement parfaites.

Allez, les premières lignes, si douces, si chantantes…

George était un type bien et je ne l’ai pas tué ; mais je lui ai brisé le cœur. Il m’a offert cette Mustang et quand j’arriverai enfin à Seattle, je me garerai devant chez lui, il descendra les marches de son porche en courant, il se penchera pas la vitre baissée et il m’embrassera. Tout sera alors parfait.
Mais avant d’arriver là-bas, il faut que je me débarrasse de Jack. Lui, ce n’était pas un type bien, et je l’ai tué.
C’est la première fois que je prends la route, et il est hors de question que Jack soit encore dans le coffre quand j’arriverai à bon port.
[P.-S.: La photo reproduite ici est de Weegee ("Weegee au travail devant le coffre de sa Chevrolet. Un capitaine de la police lui donne la possibilité d'installer une radio onde courte dans sa voiture qui le relie au quartier général de la police.» - c'est .)

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