mercredi 25 mai 2011

Si c'est Federman qui le dit


"Songez à la folie d’ébaucher tous ces mots possibles, au désir et au besoin d’en rajouter, à l’excitation née du risque, mais songez également à la froide retenue, au contrôle, au calcul nécessaire, à l’extrême réserve et à la ruse que présuppose  ce jeu sans retour? Equilibre irrationnel !

Entre cette folie et cette prudence chaque mot doit être écrit (déposé) comme s’il était le dernier le dernier souffle et le seul mot qui n’a pas de successeur ne peut être que le dernier au moins pendant un temps ! Mais c’est ce dernier moment toutefois (ni plus ni moins ultime que les autres !) qui porte le jeu à son plus haut point d’intensité – car c’est ce dernier moment qu’a choisi à ses risques et périls l’écrivain pour annuler son histoire pour s’en détourner et laisser la bataille se dérouler devant nous dans sa gloire ininterrompue ! Mais voilà qu’apparaît devant nous sur l’espace blanc et saccagé les personnes attirées depuis le début par les mots noirs aplatis et disséminés sur la surface blanche de la page au sein du sang-encre noir !"
(Extrait de: A prendre ou à laisser, de Raymond Federman, à paraître chez LaureLi, traduit par MadmanC)

2 commentaires: