mardi 2 avril 2013

La littérature passée à tabac, ou le syndrome de Fischer-Pigeac

On a lu cette info – ahurissante – sur le site Bibliobs. Deux députés – David Fischer (PS) et Bernard de Pigeac (UMP) – aimeraient étendre le commandement Evin – "Tu ne fumeras pas" – à la littérature contemporaine.
Ils s'en expliquent avec cet aplomb faramineux qui caractérisent les sodomiseurs de mouches dès lors que l'orifice muscidé se refuse à leur timide appendice :
"Il faut savoir ce que l’on veut. Le tabac demeure la première cause de mortalité évitable en France, où il tue à peu près 60 000 personnes par an. Pour lutter efficacement contre ce poison, il est temps d’en finir avec les vénéneuses séductions du romantisme insidieux qui accompagne cette forme de toxicomanie chez les héros de romans. Nous ne disons pas que ça résoudra tout du jour au lendemain, évidemment. Mais on n’arrivera à rien si on ne se bat pas sur tous les fronts à la fois."
Bon, ils sont quand même raisonnables, ces deux über-pignoufs. Ils ne peuvent pas empêcher Sherlock Holmes de s'exploser le cerebrum à la morphine mais veulent en revanche veiller à ce que ça ne se reproduise pas. Plus jamais ça. Il était temps que des père la stupeur s'attaque à ce pan de perversité replié dans les pages. On attend d'eux un peu plus. Davantage d'ambition. Par exemple: qu'on oublie pas de mettre une capote quand on baise au chapitre douze. Qu'on ne trompe plus son mari au chapitre deux. Qu'on ne sale pas trop son entrecôte au chapitre quarante-trois. Qu'on ne brûle plus – impunément, cela va de soi – le rouge feu à l'épilogue. Qu'on cesse de pousser mémé dans les orties. Qu'on ne bouffe plus de la vache enragée. Qu'on se le tienne pour dit. Qu'on ne s'évade plus de prison. Qu'on ne prenne plus les lanternes pour des vessies. Qu'on ne vote plus blanc. Qu'on ne lise plus entre les lignes.
Bref, qu'on en finisse une bonne fois pour toutes, ainsi qu'ils le clament, avec "les vénéneuses séductions du romantisme insidieux". Les quoi? Les vénéneuses séductions du romantisme insidieux. Ça fait quinze pieds et déjà ça boite. Que penser du syndrome de Fischer-Pigeac – qu'autrefois sous des cieux moins timorés on appelait plus crûment "la connerie à l'état pur" ?
Ma foi, il a ses bons côtés. Tout d'abord, il signale à notre l'attention l'existence dans l'hémicycle de deux dangereux demeurés. Enfin, il nous révèle que la littérature contient du benzène, des nitrosamines, du formaldéhyde et du cyanure d'hydrogène. Bon, du coup, il y a un truc qu'on ne comprend pas bien: si tel est le cas, pourquoi deux députés qui ne fument pas cherchent-ils à mégoter? Et surtout: Pourquoi redoutent-ils les effets pernicieux de certains ouvrages, eux qui visiblement n'ont rien lu (colorié?) d'autre dans leur vie que Oui-Oui au pays des Non-non ?
Tati, reprends ta pipe! Coco, rallume ta clope ! Lucky Luke, tire sur ton bong! Transférons vite les cendres de Gainsbourg ! C'est Zeno qu'on assassine…
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Toute ressemblance avec un poisson post-martien serait absolument fortuite…

4 commentaires:

  1. Addendum à l'article du BibliObs :

    "Post-scriptum à l'usage des lecteurs pressés: Sherlock Holmes peut garder sa pipe jusqu'à nouvel ordre, cet article a été publié sur BibliObs.com ce 1er avril 2013."

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  2. L'article parle de poison (à propos de la cigarette) il fallait comprendre poisson bien sûr !

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  3. bianu fait qui mal y 'rance
    merci tata et cékiki paie?

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