mardi 23 juin 2015

Un tigre bleu comme une orange au désespoir

© Yago Partal
Vous avez peut-être entendu parler de cette histoire de "Tigre bleu" qui a planté ses dents dans la nuque des potentiels bacheliers scientifiques. De leur stupeur électronique. Un fleuve ou un animal? Un tigre bleu? Comme dans Avatar? Oh mais c'est qu'ils ont dû oublier qu'autrefois la terre elle aussi était bleue comme une orange… 

Bref, il n'y a pas grand-chose à dire là-dessus, sinon s'étonner du retentissement donné à l'affaire. Chaque jour, chaque seconde, de micro-non-événements déclenchent des tsunamis de vacuité sur les réseaux. Mais le simple fait que la presse écrite, la "presse-papier", s'en empare est sans doute plus révélateur que le déferlement de tweets moyennement intéressants autour du texte de Laurent Gaudé – Gaudé qui a fini par s'exprimer sur la question, histoire de remettre les boussoles à l'heure, puisque tous semblaient avoir perdu le nord. Pourquoi a-t-on fait à ce point état de l'agacement des lycéens ? Pour se moquer du niveau intellectuel des lycéens non littéraires ? Pour se moquer du texte d'un écrivain? Pour souligner la réactivité des réseaux? Leur emballement? Pour signaler qu'on savait signaler? La presse aurait-elle mis en place une alerte Google comportant le mot "bruit" ?

En fait, on ne sait pas, et on ne saura pas. Et c'est bien ça, le pire. Il n'y a aucune raison particulière. Cela tient du pur réflexe médiatique. Parler de ce qui est dit. Dire ce dont on parle. Pas de pourquoi. Ce n'est pas nécessaire. On a une forme (le bac) + une substance (le texte de Gaudé), assorties de prédicats (les réactions des lycéens), réactions qui cherchent à devenir substance en utilisant une autre forme (les réseaux sociaux) – et hop! voilà la forme transformée en événement, et la substance en accident. Du coup, le flux (le texte) s'éclipse devant l'effet de rotation (les réactions). Le moulin parle à la place de l'eau.

Ironie de l'histoire : le bouc émissaire est ici un tigre. Et ses chasseurs ont pour arme… le pépiement. Allez vous étonner après ça qu'on soit mardi.

2 commentaires:

  1. ah bon nous sommes mardi ??
    et quelle est la couleur du tigre du mardi ??
    j'en étais resté au "Tigre blanc" de Aravind Agida (traduit par Annick Le Goyat)
    Man Booker Prize en 08 et très gros succès en Inde
    AA décrit l'ascension sociale de Balram, qui de quasi esclave dans l'Inde du sud au début de son développement devient quasi esclavagiste à Delhi (ou plutot Gurgaon, la ville des nouveaux riches)
    études pas terminées par faute de moyens
    chauffeur d'un quasi nabab
    puis nabab lui même
    le tout avec un humour quelquefois grinçant
    "Il y a trois maladies majeures dans ce pays, monsieur : la typhoïde, le choléra et la fièvre électorale"
    c'est souvent très bien vu, et remarquablement écrit
    gageons qu'en ces périodes pré-électorales, l'on ne nous impose pas un tigre rouge

    son second bouquin "Between the Assassinations" m'a vraiment laissé sur ma faim, s'agissant de la corruption qui régnait entre les familles politiques (Gandhi -Nehru pour ne pas les nommer).

    toujours sur les tigres (est ce la saison ?)
    j'ai commencé Tigerman de NickHarkaway
    l'histoire de Lester Ferris, sergent dans l'armée britannique, de retour d'Afghanistan, en retraite sur l'ile de Moncreu où règne une corruption pour riches.

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  2. La poule aperçoit le tigre et l'oeuf rate...

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