jeudi 23 juin 2016

Apocalypse celluloïd

En juillet, fais ce qu'il te plaît: tel semble le mot d'ordre lancé par l'écrivain Pacôme Thiellement à qui la Cinémathèque française vient de proposer une excitante carte blanche.

Au programme, quatre films à voir de toute urgence:

Jeudi 7 juillet à 19h30 : « La Mémoire courte » de Eduardo di Gregorio (1978)

Mercredi 13 Juillet à 19h30 : « Gloria Mundi » de Nico Papatakis (1975)

Jeudi 21 Juillet à 19h30 : « Monsieur Klein » de Joseph Losey (1975)


Jeudi 28 Juillet à 19h30 : « Jamais plus toujours » de Yannick Bellon (1975)

Et pour vous donner envie de les voir, rien de tel que l'invitation rédigée à l'occasion par cet incendiaire sans cesse régénéré qu'est le barde Thiellement…

"On ne sait pas si le mois de juillet sera aussi pourri que le mois de juin jusqu’à hier matin, mais on sait que Paris nous appartiendra. Car, comme dit Péguy : « Paris n’appartient pas seulement à ceux qui se lèvent matin (Et qui ainsi préparent, avant qu’on soit levé, la campagne, la bataille, la victoire de la journée) Paris appartient à ceux qui pendant les mois d’été préparent la campagne d’hiver. »
La cinémathèque aussi nous appartiendra, à raison d’un jour par semaine : un jeudi, un mercredi, un jeudi et un autre jeudi. On verra ensemble des films très bizarres : politiques, anxiogènes, énigmatiques, farceurs, ésotériques. Tout d’abord « La mémoire courte » de Eduardo di Gregorio, dans lequel (en seconds rôles stellaires) Jacques Rivette et Hermine Karagheuz jouent un couple qui enquête sur d’anciens nazis entre Paris et l’Argentine. Ils se tiennent en arrière-plan de Nathalie Baye et Philippe Léotard dans une intrigue labyrinthique et inquiétante où tourbillonne Bulle Ogier. 
Puis « Gloria Mundi » du regretté Nico Papatakis : un film sur la guerre d’Algérie et ses perpétuations dans le Paris des années 70. Un film avec la sublime Olga Karlatos sur la mise en scène de la torture qui se transforme en torture : un film violent, grinçant, suspendu quelque part entre Antonin Artaud, Jean Genet et Carmelo Bene : de nos quatre films d’été le plus angoissant, le plus hiératique, le plus théâtral. 
Dans « Gloria Mundi » il y a aussi Roland Bertin qui passe dans ce film pour se retrouver dans le suivant, « Monsieur Klein » de Joseph Losey, moins méconnu que le précédent, mais tout aussi difficile à déchiffrer, où Alain Delon joue Robert Klein, marchand de tableaux et spolieur de juifs lui-même pris pour un juif dans le Paris de l’Occupation, et qui enquête pour retrouver le M. Klein avec lequel on le confond jusqu’à s’y confondre lui-même. Juliet Berto et Michael Lonsdale font swinguer le récit de leurs mélodies grinçantes et Hermine Karagheuz réapparaît soudain dans une scène mémorable. 
Et le quatrième sera un peu moins angoissant, mais tout aussi mystérieux : « Jamais plus toujours », avec Bulle Ogier à nouveau, qui joue Claire, une femme qui revient sur Paris pour assister à une vente aux enchères d’affaires appartenant à son ancienne amie, Agathe, une comédienne, et qui retrouve le metteur en scène de celle-ci, joué par Roger Blin. La musique de Georges Delerue n’a jamais été aussi obsédante. Et Paris toujours plus chiffré, crypté : le puzzle des souffrances du passé dans leurs correspondances avec le mystère douloureux, langoureux, du jour. 
Voilà. Vous savez tout ou presque. Venez voir ou revoir ces quatre films-monstres des années 70, ces quatre chefs d’œuvre inquiétants : les quatre cavaliers de l’Apocalypse qui nous aideront à préparer notre campagne d’hiver." (P.T.)

2 commentaires:

  1. Je pensais qu'il suffisait de se taper Game of Thrones pour préparer la venue de l'hiver… Comme quoi il y a eu des films avant et après Star Wars. Je remarque qu'on donne du "sublime" à Ogla et pas à Hernime. Pourquoi !?

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  2. M.Klein, le plus kafkaïen de tous les métrages...

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