mercredi 1 mars 2017

Sang froid (sur le métier)

Comme tout le monde, vous vous doutiez qu'avant d'être célèbres, les écrivains célèbres étaient inconnus. Et comme tout le monde, vous vous doutiez également qu'avant de gagner leur vie à la force de leur clavier, les écrivains célèbres exerçaient un métier comme tous les gens inconnus, même si, on est bien d'accord, écrivain est un métier.

Ces soupçons ne relèvent en rien d'une curiosité malsaine, ils indiquent tout au plus une forme d'intérêt sociologique. En outre, ça peut aider à en faire rêver certains. Le petit côté "american dream". Bref, tout ça pour dire que la revue professionnelle Livres Hebdo vient de publier un topo sur les écrivains à succès, en s'appuyant sur de sérieuses data fournie pas la magazine Capital et le quotidien Le Figaro

On y apprend que les cinq ténors de l'Azertyuiop sont par ordre décroissant de cartonnage, Guillaume Musso, Marc Levy, Michel Bussi, Laurent Gounelle et Françoise Bourdin. On y apprend également les métiers qu'ils faisaient avant d'être abductés par la Muse. Françoise Bourdin était… jockey! Laurent Gounelle était… coach en entreprise! Michel Bussi était prof de géo (il l'est peut-être encore, qui sait?). Mais hélas l'article ne nous dit rien sur les jobs des deux premiers de la classe. Réparons donc cet oubli. Marc Lévy a été secouriste et entrepreneur; Musso, lui, a été vendeur de glaces et prof de sciences économiques.

Voilà. Je m'étais promis d'écrire un jour sur le Clavier Cannibale un article absolument  dénué d'intérêt et je crois y être parvenu. Mais au moment de conclure, je me souviens, avec un pincement de cœur assez douloureux, que, dans ma folle jeunesse, je suis monté une ou deux fois à cheval et que j'ai, l'espace d'une après-midi ensoleillée, vendu des glaces sur la côte d'Azur. J'ai même, un soir, caressé l'espoir un peu fou d'être prof et me suis passionné plusieurs jours durant pour l'architecture. En repensant aujourd'hui à tous ces rêves brisés, ma gorge se serre. Quel taon m'a piqué de me lancer si tôt et si vite dans l'écriture? N'aurais-je pas dû persévérer dans mes velléités professionnelles? Ai-je raté quelque coche? Que n'ai-je pris des cours de secourisme au lieu de me gâter les yeux à déchiffrer Guyotat?

En fait, le plus simple, l'idéal, ce serait de commencer par être auteur de best-sellers, puis, une fois le succès bien établi, de faire du poney ou vendre des Mars glacés. Mais la vie, hélas, sépare ceux qui sèment de ceux qui récoltent.

2 commentaires:

  1. et moi qui croyait que les auteurs inconnus pouvaient aussi être célèbres.....
    que les écrivains avaient un métier... alors qu'ils n'ont qu'une réputation,
    qu'ils pouvaient écrire des articles parvenus à un niveau d'intérêt quasi nul,
    être architecte de leurs propres ruines (quelques jours, uniquement le samedi et sur RV), et vendre des poneys le reste de la semaine
    et avec les trois sous économisés s'offrir tout Musso et turluter la muse

    adieu veaux, vaches cochons, couvées (le salon ferme dimanche)

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  2. Viens on laisse tout, on taille la zone

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